La Légende du Drac
Il y a de cela plus de mille ans que cet animal fabuleux, doté de puissantes ailes, des pattes arrière palmées, des griffes à l’extrémité des pattes avant, d’une gueule horrifiante couplée de larges mâchoires pourvues de crocs acérés et d’une très longue queue de serpent hantait la population de Rodès
Ses plaintes sont parait-il encore perceptibles, le soir du solstice d’hiver les 21 et 22 décembre de chaque année, car ce fut à cette période-là qu’il fut enfoui et pétrifié dans le tréfonds des gorges de la Guillera, sous les énormesLa Roche Colomera s’avance menaçante das le lit de la Tet. C’est sous ces rochers que se cachait le Drac. roches charriées par le déferlement des eaux descendues du Canigou, lors d’une très violente crue du fleuve “Roschinus” actuellement appelé la Tet. On dit même que le sang de l’effroyable bête qui s’était répandu dans les eaux tumultueuses du fleuve avait teinté de rouge les rochers situés à plusieurs centaines de mètres à l’aval, d’où l’appellation encore aujourd’hui de ce lieu dit “Roc Roig”: roche rouge.
Le pont des Sarrasins ou d’en Labau.Les villageois de l’époque, terrorisés, se terraient de panique et n’osaient plus franchir l’ancien pont du chemin de Ropidera, qui enjambait le “Roschinus” en amont du confluent du Riu Fagès, dans le prolongement du “Cami Clos”.
En effet, la bête qui habitait les gouffres se déplaçait toujours sous l’eau depuis “l’Estany del Fric” jusqu’au “Gourg del Barral”, se nourrissant de poissons, de loutres mais aussi de chèvres, de brebis et de renards très nombreux à cette époque-là, d’où le nom de La Guillera donné aux magnifiques gorges et bien A la Roche Colomera et au Pont des Sarrasins, on trouve deux oratoires qui abritaient une statue de Saint-Georges terrassant le dragon.entendu, de chair humaine lorsque l’occasion lui en était donnée. Pour ses jours de festin, on dit que la bête se dissimulait sous “las Cobas bel Bibé” et, lorsqu’un autochtone ou un animal se hasardait à traverser le pont pour aller cultiver ses terres, ou vaquer à “dela l’aygue” (au-delà de l’eau), d’un puissant coup de queue, ou bien de son souffle enflammé, la personne ou l’animal était projeté dans l’eau et immédiatement croqué par le monstre sous les yeux horrifiés des accompagnateurs … .!
Texte Georges Adroguer, 4 janvier 1997