Le Canal
Les premiers documents
En abordant le XIème siècle on commence à pouvoir faire état de quelques documents.
En l’an 1016, lorsque les moines de Saint-Martin-du-Canigou dressèrent l’inventaire de leurs possessions, ils firent état de leurs terres d’Ille et les mentionnèrent avec leurs dépendances, cum aquis, aquarumve ductibus, c’est-à-dire avec leurs eaux courantes et leurs ruisseaux. Sans doute, il s’agit là d’une disposition qui peut n’être qu’une clause de style, mais il n’est pas exclu de penser que si elle a été couramment employée dans les actes de cette époque, c’est que la pratique des irrigations était déjà assez développée pour justifier cette formule.
D’autres actes établis au cours des années suivantes portent les mêmes mentions. Toutefois le texte qui doit retenir davantage notre attention, parce qu’il projette quelques lueurs sur la question est un acte de l’année 1227 par lequel Dalmau de Rocaberti fait donation à l’Hôpital de bâtisses et de terrains pour établir des moulins. Il nous apprend que ces locaux se trouvaient près du chemin conduisant aux moulins de Ramon Rubei, au lieu dit lo Colomer, et que, dans ces terrains eux mêmes, il y avait des moulins dont il ne reste plus rien actuellement. Ces moulins à eau, les uns en service, les autres en ruines en 1227, établissent sans aucun doute possible l’existence du canal d’Ille bien avant cette date. Il serait d’ailleurs bien difficile d’admettre qu’en 1163, les habitants de Millas aient songé à demander au seigneur d’Ille l’autorisation de construire un canal sur le territoire de Régleille et de dériver en ce point les eaux de la Tet, si le canal d’Ille, dont les terres souffrent de la sécheresse plus que celles de Millas, n’avait pas encore été construit et s’il n’avait pas déjà acquis une certaine extension.
Un autre parchemin, extrait des mêmes archives de l’hôpital et daté de la même année 1227, montre qu’à ce moment le canal n’avait pas le développement qu’il a atteint aujourd’hui et que vraisemblablement ses ramifications, s’il en existait, ne s’étendaient guère en aval du village puisque le champ que l’on appelait déjà Io camp llarg del Spital faisait partie du territoire désigné alors sous le nom de garrigues d’abaix.
A cette époque, les eaux étaient moins destinées aux irrigations qu’aux moulins. En amont des usines, le maître des moulins, le seigneur, veillait jalousement à ce que l’eau ne soit pas détournée à d’autres fins ; en aval, elle revenait par le trajet le plus direct à la rivière.
A partir du XIII ème siècle, les préoccupations industrielles furent moins dominantes, il y eut d’ailleurs des périodes où l’autorité seigneuriale disparue on dut composer avec les habitants. Pendant le chômage des usines, les eaux purent être utilisées pour les irrigations. Ces exceptions se généralisèrent et le canal abandonna une partie de ses eaux aux terres situées sur son parcours lorsque celles-ci présentaient des facilités d’irrigation.
L’obscurité persiste cependant sur les droits respectifs des seigneurs et des habitants pendant toute cette période. La famille d’Urg, dont les membres se sont succédé comme seigneurs d’Ille aux XII ème et XIII ème siècles, jouissait-elle d’un droit exclusif sur le canal ? ou bien le canal était-il propriété des comtes de Roussillon, par conséquent propriété domaniale ? ou bien encore, la communauté des habitants avait-elle acquis un litre définitif à l’utilisation des eaux pour l’arrosage ?
D’après les Usages de la Constitution de Catalogne, le Seigneur, haut justicier, possédait le domaine direct des eaux qui coulaient sur son territoire, et les habitants le domaine utile. Il semble donc, malgré l’imprécision des données, que les seigneurs d’Ille avaient depuis longtemps exercé sur les eaux de la Tet des droits régaliens, soit que ces droits leur aient été concédés, soit qu’ils les aient considérés dès l’origine comme droits seigneuriaux, soit enfin qu’ils les aient absorbés alors qu’ils n’en étaient que dépositaires.
La prise d'eau
Le canal d’Ille s’alimente à la rivière de la Tet. Il lui emprunte une partie de ses eaux au moyen d’un barrage destiné à les faire refluer vers le canal alimentaire. Le barrage forme également déversoir de superficie.
La faculté, pour les habitants d’Ille, d’établir un barrage dans le lit de la rivière leur est reconnue par la charte de 1315 à laquelle aucune atteinte n’a été portée ni sous l’ancien régime, ni pendant la période révolutionnaire, ni depuis la promulgation du Code Civil. Nous avons donc à reprendre ce titre et à examiner les droits qu’il confère. Comment doit être construit le barrage ? En quel point ? Quel volume d’eau est-il autorisé à dériver ?
Structure du barrage
La digue qui alimente le canal d’Ille a été, de tout temps, construite suivant le type des digues établies sur la Tet. Le régime de la rivière et la configuration de son lit ont si bien déterminé ce type que celui-ci s’est imposé et que le mot catalan resclose qui le désigne et que l’administration elle-même n’hésite pas à employer a une signification bien précise. Une resclose est une digue rustique constituée par un alignement de grosses pierres, de cailloux roulés et de graviers maintenus par des fascines, des troncs d’arbres et des pieux. Des enrochements consolident en arrière le barrage et atténuent l’action des eaux passant par-dessus la crête. Malgré ce dernier dispositif, c’est essentiellement un ouvrage de fortune que la moindre crue détruit ou détériore. Son obliquité tend à diriger les filets liquides vers le canal alimentaire ; il sert donc aussi de guide-eau.
De nombreuses considérations ont fait adopter et maintenir ce système.
Une raison d’économie a d’abord probablement prévalu. Dès que la rivière a franchi la cluse de Rodès, son lit prend une largeur telle qu’un barrage en maçonnerie entraînerait, pour le canal qui y aurait recours, une dépense prohibitive. En outre, la Tet, de ce point jusqu’à la mer, coule sur un fond de sables et de :graviers si mobile que des fondations, même profondes, assureraient mal la stabilité d’un ouvrage dont la durée resterait trop problématique pour qu’on en risque la construction.
Une seconde raison est le danger que présenterait une digue susceptible de résister à la pression des crues. Partout où les rives ne sont pas suffisamment protégées par des berges rocheuses ou une argile non délitable, un ouvrage permanent serait une menace incontestable pour les terres riveraines.
A ces considérations s’ajoute une autre particularité : le manque d’étanchéité de ce système de digue protège, dans une certaine mesure, les canaux inférieurs contre l’accaparement de l’eau par les canaux supérieurs. Non seulement la crête de l’ouvrage est facilement surmontée par les eaux, mais, en outre, dans le bassin que forme le remous, une partie des eaux, échappant à la captation en s’infiltrant dans les sables, vont réapparaître à l’aval où elles alimentent les canaux inférieurs qui les recueillent. On obtient ainsi une certaine répartition du débit de la Tet qui est loin, en temps de pénurie, d’assurer un juste partage puisqu’elle réduit les canaux inférieurs à la portion congrue, mais dont ces derniers tirent un bénéfice non négligeable en raison de l’accroissement du volume des eaux souterraines. Une digue en maçonnerie prenant fondement sur un terrain consistant ferait au contraire obstacle à l’écoulement de ces eaux et rendrait possible, au détriment des canaux inférieurs, l’épuisement de la rivière.
Pour ces raisons, lorsque les progrès de la technique ont facilité la construction de barrages permanents, la coutume a persisté en Roussillon de ne pas tolérer de digues en maçonnerie. Les canaux doivent se contenter d’ouvrages sommaires formant aucun obstacle à l’écoulement des eaux de crue.
Cet usage est si constant que l’Administration l’a admis dans son “Recueil des usages locaux et règlements du département des Pyrénées-Orientales”, publié en 1931. Elle s’exprime ainsi : “Les riverains considèrent l’interdiction d’un barrage fixe en rivière comme un usage qui ne saurait être violé. Ils estiment qu’un barrage en maçonnerie résistant à des eaux arrivant brusquement en abondance, aurait pour conséquence directe , d’inonder et de raviner les terres voisines. D’autre part, une digue ainsi construite ou complètement étanche arrêterait en temps de pénurie ou de sécheresse, les eaux au profit du canal qu’elle dessert au détriment des propriétaires en aval. Au contraire, un barrage formé avec des pieux enfoncés dans le sol de la rivière, des roseaux, des branchages et des cailloux est facilement emporté par les crues et laisse toujours filtrer l’eau dont bénéficient les arrosants inférieurs “.
La mention de cet usage dans le recueil administratif souligne combien il avait été, jusqu’ici, respecté. Cependant certains syndicats n’ont pas hésité à entreprendre dans la rivière des travaux en maçonnerie formant barrage permanent susceptible de résister aux crues ; et l’Administration, il convient de le noter, a autorisé ces constructions.
Les premières exceptions ont été introduites en faveur des canaux de la haute vallée. Ensuite d’autres dérogations ont été accordées dans des conditions moins justifiées.
Traces du canal
Après le cirque de l’étang d’en Fric, le canal franchit l’ouvrage régulateur dont le système de vannes commande l’introduction de l’eau et limite le débit au module fixé. I1 rentre ensuite dans la galerie creusée en 1350 et appelée encore aujourd’hui cova nova. Avant cette construction, le canal, dont la prise d’eau se trouvait sur les graviers de l’Estagnas, s’engageait à ciel ouvert dans la rivière elle-même, protégé par une simple estacade. Il parcourt maintenant environ 350 mètres dans diverses galeries souterraines dont quelques-unes ont été construites il y a plus de quatre cents ans, d’autres plus récemment, et qui, pour la plupart, ont été réparées ou remaniées au XIX siècle. Les regards aménagés dans les galeries et les raccordements étaient obturés simplement au moyen de madriers dont l’enlèvement était prévu pour faciliter le déblaiement des galeries après les crues. Ils n’ont été maçonnés que plus tardivement.
Les terrains qui, en ce point, bordent la rivière sur la rive droite, sont généralement rocheux ; c’est donc dans le roc que les galeries ont été creusées. On constate que quelques-unes portent la trace exclusive de burins, tandis que d’autres ont été forées avec la barre à mine.
Leur pente longitudinale est peu accentuée. Deux d’entre elles offrent cette particularité de laisser se former à leur intérieur des poches d’air aux coups de bélier énergiques au, moment du remplissage.
Après les galeries, le canal côtoie, sur une longueur d’environ deux kilomètres, le canal de Thuir.
Sur tout ce parcours, les deux canaux coulent parallèlement à la Tet dont la pente, dans cette section, n’est que de 6 mm par mètre. 1ls ont peine à en abandonner les rives et à gravir le soubassement du plateau de Bouleternère. Avant de le quitter pour s’attaquer enfin à la falaise elle-même, le canal d’llle traverse la nappe argilo-sablonneuse d’où sourdent les eaux phréatiques de la plaine de Boule, au milieu de terres fluentes qui l’aurait entraîné dans leur glissement si des lignes de pieux, profondément battus et souvent renouvelés, n’avaient fixé ses berges.
Au droit de l’angle nord-ouest du plateau des Escallars, il coupe le chemin, autrefois très fréquenté, de Bouleternère à Casenoves. Le pont qui enjambe le ruisseau n’était au moyen âge qu’un pont muletier que la communauté d’Ille avait la charge d’entretenir et de mettre en état afin de “donner passage en tout temps aux bêtes de somme”.
Après le pont, le canal suit en contre-bas les courbes de la terrasse des Escallars où il s’accroche et parvient à s’élever. Sa position au flanc de cette falaise, ainsi que le voisinage immédiat du canal de Thuir et de la rivière, l’obligeait à se défendre, non seulement contre les éboulements des terres qui le dominent et les glissements des terrains inférieurs, mais même contre les débordements de la rivière dont les eaux, en temps de crue, rongaient le pied de la falaise et menacaient à la fois le canal de Thuir et le canal d’Ille. Des travaux de maçonnerie étaient constamment nécessaires pour consolider la rive gauche séparée par une berge étroite du lit de la Tet qu’elle surplombait déjà d’une dizaine de mètres. Une rupture en ce point aurait rendu inévitable un travail considérable, soit un aqueduc coûteux, soit une galerie au milieu de terres se prêtant probablement fort mal à un percement souterrain.
Le ruisseau côtoie plus loin les murs de l’ancien couvent des Franciscains. Après le couvent se détachent déjà des rigoles d’arrosage. Le règlement de 1765 les énumère et prescrit à la charge des riverains des travaux destinés à proportionner le débit de l’oeil à la superficie des terrains à arroser et à éviter la déperdition de l’eau au profit du canal de Thuir. Ces prises d’eau sont tantôt désignées d’après le nom du propriétaire qui en bénéficie, tantôt elles portent le nom du terroir qu’elles irriguent. D’amont en aval on trouve l’oeil dels Arenys, dels Horts, de da Senyora Muxart, del mas d’en Bret.
Quelques-unes de ces prises d’eau desservent des terres dont le niveau était légèrement plus élevé que le plan d’eau moyen du canal. Elles ne purent fonctionner que par l’établissement d’un pavage relevant le plafond du ruisseau et appelé passellis dont la construction et l’entretien furent à la charge des usagers.
Dans toute cette section, la largeur du canal est très variable ; elle se maintient généralement entre 2 et 3 mètres. Ces différences sont naturellement déterminées par les variations de la pente dont la valeur moyenne est de 3 millimètres par mètre, mais qui est presque nulle sur certains parcours, notamment entre la galerie d’aval et la fontaine Saint-Jules.
Arrivé au lieu dit Ie Rosaret, le canal détache une rigole, pendant longtemps destinée au moulin Viader. Ce moulin à huile établi à la fontaine Saint-Jacques, et aujourd’hui détruit, fonctionnait en partie au moyen des eaux vives et en partie au moyen des eaux du canal. Les unes et les autres étaient pendant l’arrêt de la meule emmagasinées dans un réservoir ; le moulin marchait par éclusées.
Après le Rosaret, le canal franchit sur un pont aqueduc le ruisseau de Thuir et dessert l’ullal d’ordre, qui déverse dans ce dernier ruisseau l’eau qui lui est due en raison des prélèvements faits par les tenanciers d’Ille pour l’irrigation de 36 hectares environ situés entre l’ancienne route de Saint-Michel et la route de Corbère. Cet arrangement remonte à la construction du canal de Thuir, c’est-à-dire à l’année 1425. A ce moment le canal d’Ille était en place avec tout son réseau de rigoles. L’une de celles-ci partant du moulin d’amont, allait arroser les terres ci-dessus désignées. Arrivé lui-même au droit du moulin, le canal de Thuir n’eût d’autre possibilité que d’emprunter le tracé de cette rigole. On convint alors qu’il prendrait la place de cette dernière, mais qu’il aurait à desservir, par trois ullals, dits del sengor Esteve, del pont de la fusta et d’en Dauriach, les terrains précédemment irrigués par celle-ci ; en retour, le canal d’Ille déverserait d’ans celui de Thuir, par un oeil désigné sous le nom d’ullal d’ordre, un volume d’eau égal au volume prélevé.
Immédiatement après cette dérivation, s’élève le moulin dit d’amont, qui n’est autre que le moulin construit en 1322, suivant l’engagement pris par le seigneur. Il utilisait dans sa chute de 3 mètres une bonne partie des eaux du canal d’où il tirait une puissance d’une trentaine de chevaux.
Division en branches
Jusqu’ici, en dehors des prélèvements que nous venons d’indiquer et qui ne sont pas négligeables puisqu’ils correspondaient à l’irrigation de 206 hectares, desservis par 16 prises d’eau, le canal a conservé son aspect et justifie toujours sa dénomination de ruisseau d’Ille. Mais à cent mètres environ du moulin, au lieu appelé pour cette raison les partides, il se divise en deux branches d’inégale importance.
Celle de gauche, au débit moindre puisqu’elle n’arrosait que 246 hectares contre 330 hectares irrigués par la branche de droite, passe sous le rempart, rentre dans le village et mettait en action le moulin dit de dedins, plus ancien que le précédent.
Ces deux moulins appartenaient au seigneur, mais bien que ce dernier eut le monopole de l’utilisation des chutes d’eau, il accorda des concessions pour l’aménagement de nouvelles chutes, en évitant toutefois qu’elles ne concurrencent les moulins seigneuriaux, d’ailleurs plus favorablement situés. La force hydraulique était si avantageuse par rapport aux autres moyens mécaniques de l’époque qu’on ne manqua pas de profiter de la moindre dénivellation et particulièrement de celle existant entre la terrasse sur laquelle est bâti le village et la rivière. L’hôpital avait dans ses dépendances, sur les bords de la Tet dont les eaux venaient battre les remparts, un moulin à farine qu’une crue détruisit.
Au nombre des ateliers installés sur ces chutes secondaires il faut citer des tanneries, des chapelleries, des moulins à foulon ; les maréchaleries à forge disposaient chacune d’un rouet. La plupart de ces industries n’avaient besoin, soit à cause du peu d’importance des établissements, soit en raison de la nature du travail, que d’une faible force motrice. Elles n’ont pas survécu au progrès de la technique. Et même quand l’industrie s’est maintenue, l’entretien et le curage des canaux d’amenée et de fuite ont fini par être une sujétion si onéreuse que les chutes elles-mêmes ont été abandonnées.
L’ensemble du réseau, dans la traversée d’Ille, était primitivement à découvert. Quand les habitants furent autorisés à intégrer dans leurs constructions la partie du canal bordant leurs propriétés, une administration prévoyante aurait dû prescrire d’attribuer aux voûtes une hauteur permettant la visite et le curage du souterrain, et de donner au canal un revêtement susceptible de protéger l’ouvrage contre le travail des eaux et surtout de faciliter leur écoulement. L’administration municipale, lorsqu’elle prit, principalement au XV ème siècle, l’initiative de couvrir les parties du canal qui empruntaient le tracé des rues, aurait été elle-même bien inspirée en adoptant les mêmes dispositions. Faute d’avoir pris ces précautions, le travail de curage du canal à l’intérieur de la ville, sous les maisons à la charge des propriétaires, et sous les rues à la charge de la commune, est devenu une entreprise très incommode et très onéreuse, d’autant que, par les ouvertures ménagées de place en place, les habitants, avec une indifférence fâcheuse pour l’intérêt général, jetaient dans le ruisseau les objets les plus disparates et les plus encombrants.
Branche nord
Après avoir franchi le rempart aux lieux dits lo Porcarill et porte de la Parayre, les deux sous-branches issues de la branche nord, se subdivisent elles-mêmes et arrosent une partie du territoire compris entre la voie ferrée et la route nationale.
La sous-branche du Porcarill comptait 28 prises d’eau et desservait 94 hectares. Les oeils les plus importants étaient celui du Touyre, d’en Barescut, d’en Alby, d’en Sampso, d’en Monrecapde, d’en Riubanys.
La branche de la Parayre irriguait 136 ha. En dehors de l’oeil du mas Dulçat, les prises d’eau, dans cette section, étaient constituées par des coupures..
Branche sud
La branche qui de les partides se dirige vers le sud, longeait à découvert le rempart. Au moment de la construction de la route nationale, vers le milieu du siècle dernier, cette partie fut mise sous voûte jusqu’au delà de l’embranchement de la route de Corbère. Sur ce parcours se trouvait, déjà depuis le moyen âge: un moulin à huile appelé Io moli de vall, propriété des comtes de Darnius.
Au delà du moulin, avant de rencontrer le Boulés, le canal détache à sa gauche quatre rigoles alimentées par des oeils portant respectivement le nom de ull de la Clava, ull de d’era del sengor Sarda, ull del senyor d’Isspres, ull d’en Destros.
Le ruisseau se trouve alors devant un obstacle difficile à franchir, le Boulès. Le moyen adopté pour la traversée du torrent fut d’abord le plus simple. Le ruisseau se déversait dans le Boulès où un barrage de pieux, de fascines et de graviers formant retenue, faisait refluer les eaux jusqu’au point où, ayant atteint un niveau suffisant, elles pouvaient trouver un écoulement dans le tronçon branché sur la rive droite du torrent. Chaque crue du Boulès entraînait la destruction du barrage et, jusqu’à sa reconstruction, les terres situées sur la rive droite étaient privées d’eau. De plus, sur cette nappe qui, en amont du barrage formait comme un petit lac, une perte d’eau considérable se produisait en été par suite de l’évaporation et de l’infiltration des eaux dans les graviers du torrent dont on connaît le pouvoir absorbant. Malgré l’évidence de ces inconvénients, il n’y fut remédié qu’en 1869 par l’établissement d’un siphon d’une rive à l’autre.
Immédiatement après la traversée du Boulès, la branche sud au lieu dit ambega de la Negra, se partage en deux artères, l’une, appelée branche du Boulès se dirige vers le pla de Nefiach; elle arrose l’Oratori del Rey, ainsi que ce terroir était déjà appelé au XIII ème siècle ; l’autre, après avoir suivi pendant quelques centaines de mètres la route de Corbère et détaché la rigole de l’Amboudera, dite ullal roncaîre, aboutit au Coscollet.
Bibliographie : Emile Delonca, Le canal d’Ille
Photos : Jacques Brest